Petite histoire du cinéma forain

Ce texte est un ébauche d’un travail plus long a venir …

Bref retour sur l’histoire du Cinéma Forain en France:

Le cinéma a fait son apparition en 1895, le 22 mars de cette année là les frères Lumières, inventeurs techniques et industriels du cinéma, organisent leur première projection privée devant des scientifiques. Deux jours auparavant a eu lieu le premier recensement des nomades en France. Ces deux événements n’ont aucun rapport mais tous deux concerneront de très près l’histoire des forains.

Le 28 décembre de cette même année 1895, les frères Lumières présentent au public leur invention, mais il s’agit d’une présentation devant 33 spectateurs parisiens et bourgeois.

En parallèle Georges Mélies, homme de spectacle travaille sur une invention similaire, il souhaite acheter le brevet aux Lumière mais les industriels refusent. Cependant il intègre sa propre invention, le kinétographe, dans un spectacle au théâtre Robert Houdin en avril 1896.

C’est à l’automne 1896 que l’on voit apparaître deux cinématographes dans des fêtes à Lille et à Saint Nazaire. D’autres forains les imitent et ils sont une dizaine, fin 1896, à rendre visible et populaire cette toute nouvelle invention. A ce moment là le cinéma est avant tout une curiosité scientifique de foire. Mais dès 1897, année de la présentation du cinéma à la Foire du Pain d’épices de Paris, le cinéma forain devient un réel divertissement avec des films à dramaturgie comique pour la plupart. Beaucoup de grandes familles de forains en France, en Angleterre et en Hollande achètent du matériel de projection et adaptent leur baraque d’entre-sort en cinéma.

C’est cette même année qu’a lieu l’incendie du Bazar de la Charité où, en pleine séance de cinéma, 120 personnes, en majorité des femmes aristocrates, trouvent la mort. La haute classe délaisse quelque peu le cinéma et il prend alors un tournant plus populaire. Dès cette époque les forains tirent leur épingle du jeu car ils possèdent des groupes électrogènes et peuvent faire tourner les projections à l’électricité.

Pendant 10 ans, les forains font découvrir et vivre le cinéma sur tous les territoires. Ce sont eux qui assurent l’essentiel des recettes du cinéma dont les principaux producteurs sont Méliès, Gaumont et Pathé. Les actualités locales font leur apparition suite à l’idée de quelques forains de filmer dans les communes pour faire se voir à l’écran le spectateur.

A cette époque, les films sont diffusés jusqu’à l’usure ou ce que la pellicule brûle. Il y a donc probablement aussi des œuvres inconnues produites artisanalement à cette époque en copie unique, transmises de la main à la main entre forains dont il impossible de trouver les traces.

Ce que l’on nomme « L’Age d’Or » du cinéma forain dura jusqu’en 1907, année où Charles Pathé décréta une soit-disante « crise » et décida de privilégier avec ses films les premières salles sédentaires au détriment des cinémas itinérants et surtout de louer les films plutôt que de les vendre comme cela se pratiquait jusqu’alors. Ce que certains ont appelé le « Coup d’Etat » de Charles Pathé marque, en effet, un coup d’arrêt au développement croissant du cinéma forain. En 1909 les autres producteurs suivent Pathé et refusent de vendre les copies « au mètre » Les forains arrivent à résister grâce aux demandes du public des banlieues et des campagnes lieux sans électricité où l’installation de salles en fixe n’est pas possible.

En 1912, alors que le nombre de cinémas forains est déjà en sérieuse baisse un 2eme coup s’abat sur le monde forain et donc sur le cinéma: la loi de 1912 instaure le carnet de circulation obligatoire et le carnet anthropométrique pour les nomades.

Malgré toutes ces attaques, puis la première guerre mondiale, certaines familles reprennent en 1918 et tentent d’en vivre jusqu’en 1940 – c’est le cas de la famille de Raymond Gurême. A cette époque, les forains n’ont quasiment plus accès au nouveaux films et doivent se contenter de films étrangers ou plus anciens. A l’heure du parlant en salle, les diffusions foraines restent muettes, avec musique et/ou commentaires.

En 1925, un plan de subvention est lancé pour construire des salles en dur dans les villages.

En 1928, les projections sur des films celluloïd trop inflammables deviennent interdites.

A l’issue de la 2nd guerre, les familles qui tentent de re-lancer le cinéma forain en campagne se comptent sur les doigts d’une main et ne tiennent vraiment pas longtemps. Le Centre National de la Cinématographie est créé en 1946 et avec lui le visa de censure devient le visa d’exploitation, le CNC crée de toute pièce SES cinémas itinérants, ce qui prononce la mort du cinéma forain traditionnel.

Seuls quelques « ambulants » qui ont une adresse fixe et peuvent louer et remmener des bobines dans des temps courts peuvent continuer, les « forains SDF », eux, arrêtent tous après guerre

On ne peut pas parler de l’histoire des cinémas «itinérants» sans citer François Morenas, un gadjo ambulant, « père des auberges de jeunesse » qui a de 1945 à 1954 a parcouru toutes les routes du sud de la france à vélo pour faire des projections plein air de films muets en 16mm. C’est ce type d’exception qui continue de faire exister de temps à autre le cinéma forain, c’est le cas aussi du Cinéma Voyageur qui parcourt les routes de France de manière saisonnière depuis 2010.

Sources :

  • L’interforain.fr
  • 1895 n°75 – De 1895 à 1912 : Le Cinéma forain français entre innovation et répression par Arnaud Le Marchand
  • Cinéma forain – Journal de l’exposition du cinquantenaire du Musée National des arts et traditions populaires
  • Cirque au cinéma, Cinéma au cirque, par Adrian, collection « L’encyclopédie du cirque »
  • L’avant scène cinéma – 1895 -1910 Les pionniers du Cinéma Français
  • Les temps héroïques du Cinéma dans le centre ouest – Des pionniers forains aux derniers « tourneurs » Charly Grenon
  • La Belle Epoque du cinéma et des fêtes foraines à Nantes, par Frédéric Monteil, Ouest édition
  • Le cinéma, cette aventure, par Pierre Leprohon, éditions André Bonne.
  • Le Cinéma ambulant en Provence – François Morenas
  • Forains d’hier et d’aujourd’hui, par Jacques Garnier.
  • Interdit aux nomades – Isabelle Ligner

source : L’interforain.fr : http://www.linterforainonline.fr/pages/Le_cinematographe_forain.php