21 décembre le cinéma voyageur lance la contre-initiative – blog

Blog Gaëlle Coursel – journaliste

21 décembre: Le Cinéma voyageur lance la contre-initiative

Le 21 décembre dernier, s’est déroulé pour la première fois le Festival du jour le plus court, visant à promouvoir le court-métrage. Pour contrer cette initiative, l’association Le Cinéma voyageur a posé ses valises dans le 12e arrondissement de Paris pour proposer une sélection alternative de reportages et de fictions diffusés en « licence libre ».

C’était une occasion à ne pas manquer. L’association Le Cinéma voyageur organisait le 21 décembre dernier dans le café associatif de la Commune libre d’Aligre, situé dans le 12e arrondissement de Paris, une séance de projection alternative de reportages et de fictions. L’idée : dénoncer le CNC, considéré comme un étendard de l’industrialisation du cinéma. « Ce soir, nous allons projeter des œuvres libres de diffusion », hèle Florian, membre du Cinéma voyageur.

Depuis 2009, l’association milite pour l’adoption de « licences libres » et utilise le cinéma ambulant comme moyen de diffusion alternatif. « Aujourd’hui, un film ne peut être diffusé sans le versement d’une taxe au CNC, qui contrôle l’ensemble des films diffusés en France. Nous voulons libérer la création cinématographique », explique Florian. A l’entrée de la salle associative sans charme, vers 17h30, quelques passants s’attardent pour observer l’animation et s’aventurent à passer une tête. Des chaises ont été disposées en rangées.

« Nous avons invité les personnes de notre réseau et collé des affiches dans tout le quartier », explique Agathe, membre fondateur du Cinéma voyageur. A 18h, heure du début de la projection une trentaine de personnes sont installées, manteau sur le dos. Les licences libres ? Raymond, 61 ans, n’en a jamais entendu parler : « Je viens surtout car j’ai vu que des films allaient être projetés. C’est rare de voir le cinéma venir en bas de chez soi ». Silence, la lumière s’éteint.

Après la diffusion d’un reportage sur l’expulsion d’un sans-papier à Marseille et d’une première fiction, « Presque », le film « Carnet de rêves » apparaît sur la toile tendue le long du mur. Songe onirique et sans dialogues, le film laisse la salle silencieuse. On entend une doudoune se froisser, un papier de bonbon se défroisser. La température de la salle augmente. Quatre ou cinq personnes se sont agglutinées à l’entrée car il n’y a plus aucune chaise de libre.

Une ambition politique

Vers 20h, vient l’heure du débat. Des professionnels du cinéma interviennent. Une jeune femme qui travaille dans le milieu du cinéma, entame une série de questions. « J’ai trouvé le film remarquable », hésite une dame âgée. Le débat sur les licences libres est difficile à comprendre pour les novices. Pour faire diversion, un membre de la Commune Libre sert des verres de vin rouge et offre une soupe aux légumes parfumées au persil. On enlève les chaises. Des petits groupes se mettent à discuter.

Sur une table le long du mur, sont disposés un gâteau au chocolat, des chips, une tarte aux pommes de terre, des verres en plastique. Chacun a apporté un met de son choix afin de participer à un repas partagé. « La séance de projection est gratuite car le but est que tout le monde puisse avoir accès au cinéma. Notre ambition est politique. Nous luttons contre la société de consommation à outrance et inciter à l’échange d’expériences », détaille Florian.

Des musiciens indépendants font leur apparition au fond de la salle. Trompette, clarinette, guitare… Tous sont là pour un concert de « sound painting ». Un nouveau film est projeté sur lequel les musiciens improvisent, suivant les directives d’un chef d’orchestre. Un couple d’une cinquantaine d’années, qui semble avoir pris son aise dans cette ambiance révolutionnaire, décide de rester, avant que le cinéma voyageur ne reprenne la route.

G.C.